Les crises monétaires d'hier à aujourd'hui

Une histoire à répétition

1er juillet 2009 - 7 janvier 2010

La monnaie est tributaire de la situation économique d'un État. De l'Antiquité à nos jours, les crises monétaires se sont succédées et ont affecté les activités économiques ainsi que la vie quotidienne du peuple.

Sous l'Antiquité, au IIIe siècle ap. J.-C., l'État romain fut ébranlé par une crise sans précédent. D'une part, la baisse de la production agricole et le déclin économique des villes pesaient lourdement sur les revenus d'état. D'autre part, les troubles et l'insécurité obligeaient Rome à augmenter les dépenses militaires de manière drastique. Ainsi, l'État se trouvait dans l'obligation d'émettre de grandes quantités de pièces pour couvrir ses dépenses, tout en ne disposant que d'un stock limité de métal monétaire précieux. Cette situation précaire marqua un tournant dans la politique monétaire romaine. Les ateliers monétaires baissèrent progressivement le poids et le titre de leur monnaie d'argent entraînant finalement les finances de l'Empire et le système monétaire dans un cycle infernal.

Au Moyen Âge, la guerre de Cent Ans (1337-1475) et le conflit entre Amagnacs et Bourguignons (1407-1413) aggravèrent le déficit humain de la France, déjà meurtrie par la Grande peste. Les écorcheurs et routiers semaient la terreur, poussant les paysans à quitter les campagnes et abandonner leurs récoltes pour chercher refuge dans les villes, où le poids de la guerre se faisait également ressentir. En effet, la fiscalité s'alourdissait dans le but de financer les conflits et payer les mercenaires. Ainsi, comme sous l'Antiquité, l'augmentation des prix et la pénurie de numéraire, liée à celle de métal précieux, résultèrent de cette crise. La peur, l'insécurité face aux dangers poussèrent les populations à thésauriser. Afin de contrecarrer ce manque, les souverains, comme les empereurs romains avant eux, effectuèrent de fréquents réajustements monétaires qui se soldèrent par une dévaluation des monnaies d'or et d'argent.

Au début du XXe siècle, de nombreux pays subirent l'inflation et le chômage. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les banques allemandes, par exemple, mirent en circulation des billets à forte valeur nominale, car de plus en plus de marks étaient nécessaires pour faire des achats. Aux  États-Unis, la Grande Dépression désigna la sombre décennie qui succéda au jeudi noir du 24 octobre 1929, jour au cours duquel le plus tristement célèbre krach boursier eut lieu. Les principales conséquences furent une importante déflation et un accroissement considérable du chômage. La crise boursière dégénéra très vite en crise bancaire, qui se solda par la faillite de près de 500 établissements financiers en 1932. Les relations économiques internationales n'étaient pas aussi développées qu'aujourd'hui, l'Europe ne fut touchée que plusieurs mois après. De nombreux états européens furent alors contraints de dévaluer leur monnaie. La crise financière et économique actuelle, marquée en 2008 par de fortes fluctuations du prix du baril de pétrole et des matières premières, une hausse du chômage ou encore la dépréciation de la monnaie islandaise de près de 50%, nous démontre l'aspect cyclique de l'histoire.

Salle Colin Martin (3e étage)